Pour nous, chrétiens, parmi l’agitation et la fête, c’est aussi un mois de recul et de ressourcement, car cette semaine s’ouvre le temps du Carême. Le Carême, c’est le temps désertique de la période liturgique des quarante jours qui précèdent la Semaine Sainte et Pâques. Quarante jours en référence aux quarante années que les Hébreux ont passées dans le désert, et aux quarante jours que Jésus passera, lui aussi, dans le désert après son baptême et avant le début de son ministère en Galilée.
C’est une période où nous sommes invités à la prière et à la réflexion et, pour certains, au jeûne ou à d’autres privations. Mais avant tout, le Carême est un temps de préparation et de cheminement avant l’accueil de la Résurrection. Si Pâques est le but, le chemin est lui aussi important, peut-être justement parce que c’est dans le cheminement que l’on se sent bien vivants.
C’est dans un autre désert, celui d’Arabie, et plus précisément dans l’oasis d’Al Aïn, que j’ai découvert, il y a quelques années, l’histoire et l’épopée de Wilfred Thesiger, aussi nommé Mubarak bin Landan (le béni de Londres). Nous nous étions réfugiés de la chaleur écrasante dans un petit musée dédié à l’explorateur, et je me souviens de deux de ses citations sur sa traversée du désert qui m’ont beaucoup marquées et que je partage aujourd’hui avec vous :
“It was very still with a silence that we have driven from our worlds.”
“In the desert I had found a freedom unattainable in civilisation; a life unhampered by possessions, since everything that was not a necessity was an encumbrance.”
Oui, ces quarante jours de chemin dans le désert sont à vivre comme un temps de grâce indispensable. Car c’est en passant dans le désert, loin des distractions, que nous redécouvrons un silence qui nous rend aptes à la rencontre avec Dieu.
En cette fin d’hiver, petit à petit, minute par minute, la lumière revient. Londres nous fait grâce du beau temps : sous le grand ciel bleu des derniers jours, les bourgeons gonflent et les feuilles nouvelles apparaissent, on sent que la vie va bientôt jaillir ! Même si, tout comme les giboulées nous rappelleront que l’hiver est encore un peu là, le drame de la Passion reste encore à vivre, sur l’horizon pointe l’espérance du renouveau, du printemps et de la Résurrection sur laquelle repose notre foi.
Que ce temps spirituel de cheminement vers Pâques soit vécu, non comme une privation, mais comme un cheminement de vie et une bénédiction abondante pour chacune et chacun d’entre vous.
Fraternellement,
Phoebe