« Souviens-toi de tout le chemin que l’Éternel, ton Dieu, t’a fait faire »
(Deutéronome 8:2)
Chers amis,
Alors que nous commémorons les dix ans des attentats du 13 novembre 2015, la nécessité de faire mémoire s’impose avec force, non pour répéter, mais pour comprendre, pour transmettre, pour choisir la paix là où d’autres ont connu la guerre ou le deuil.
Ce cheminement n’est pas simple, car il nous invite à dépasser le moment figé du regret pour entrer dans une reconnaissance vivante. Dans un monde saturé de présent, où tout se joue dans l’instant et dans l’émotion immédiate, cette ouverture relève parfois de la résistance spirituelle.
La fascination du « maintenant », qui s’insinue parfois jusque dans nos moments mémoriels, appauvrit notre regard : elle coupe le lien à nos racines et brouille l’horizon de nos lendemains.
C’est là que notre foi chrétienne nous réapprend à respirer autrement, en reliant le temps.
Elle fait mémoire sans s’y enfermer, espère sans fuir le réel, habite le présent sans le diviniser, car en Christ, l’éternité a épousé la temporalité.
Dans ce geste d’incarnation s’est ouverte une brèche : celle d’un temps réconcilié, où la mémoire et l’espérance cessent de s’opposer.
Se souvenir devient alors un acte de foi, un mouvement du cœur qui relie hier et demain dans la présence de Dieu. Faire mémoire, c’est laisser Dieu éclairer ce qui fut, non pour s’attarder dans le passé, mais pour reconnaître qu’il continue à nous façonner. Entre le temps qui s’écoule et le moment qui s’ouvre, il existe ces instants de grâce où Dieu se rend proche. Nos jours, fragiles et comptés, deviennent alors des espaces d’éternité.
Le Psaume 90 nous murmure que la vie humaine est brève, mais que cette brièveté n’est pas un drame : elle est le lieu où se révèle la fidélité de Dieu. « Enseigne-nous à bien compter nos jours, afin que nous appliquions notre cœur à la sagesse. » (Psaume 90:12)
Habiter le temps chrétien, c’est retrouver cette épaisseur du temps : la gratitude envers hier, la responsabilité envers demain et la présence attentive à aujourd’hui.
C’est accueillir la vie non comme une succession d’instants, mais comme une histoire habitée, celle que Dieu tisse avec patience, à travers nos deuils et nos recommencements.
Souvenons-nous ensemble :
que la mémoire soit fidélité et non fardeau ;
que le présent soit service et non vertige ;
que l’avenir demeure promesse et non menace.
Car « Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et éternellement » (Hébreux 13:8), il nous apprend à tenir dans le temps, non pas contre lui, mais avec lui, dans la confiance et dans la paix.
C’est dans cet esprit, et dans une même communion, que nous espérons vous retrouver nombreux le 9 novembre à 11 heures à l’occasion du culte du souvenir, célébré en présence des autorités civiles et militaires, et animé par le chœur français des Fauristes. Le service sera suivi d’un buffet convivial.
Avec notre amitié fraternelle,
Le consistoire