« Et la Parole s’est faite chair, et elle a habité parmi nous »
Jean 1,14
Chers amis,
Décembre nous conduit vers cette zone du temps où tout semble suspendu. Les jours raccourcissent, la lumière se fait rare, et pourtant, dans ce ralentissement, quelque chose veille : une attente, une promesse, une naissance à venir.
C’est le temps de l’Avent, ce moment où l’espérance commence déjà à prendre chair.
Mais Noël, souvent, s’est couvert d’un autre éclat : celui de l’échange mesuré, du don qui s’équilibre, de la fête comptée. Or au cœur de Noël se tient tout autre chose : une grâce sans condition, une lumière offerte avant toute réponse. Le Christ naît non parce que nous le méritons, mais parce que Dieu aime, simplement et inlassablement.
C’est là la différence entre la fête marchande et la fête incarnée : l’une accumule, l’autre révèle la gratuité.
Cette gratuité n’est ni passivité ni renoncement. Elle appelle une joie profonde, une joie qui n’a rien à prouver. Car si tout est don, alors tout devient possible : la réconciliation, la confiance retrouvée, une paix intérieure qui rejaillit.
Noël devient cette certitude paisible : la vie, même fragile, demeure portée par un amour plus vaste.
Alors, au-delà du récit merveilleux de la naissance dans une étable — que les enfants de la communauté nous feront revivre avec enthousiasme lors du culte festif du 14 décembre — Noël affirme ceci : même dans la nuit du monde brille déjà une lumière.
Une lumière qui ne s’impose pas mais qui éclaire, selon la parole de Jean : « Celui qui aime son frère demeure dans la lumière » (1 Jean 2,10). Chaque geste de bonté, chaque pardon, chaque confiance partagée deviennent échos de Bethléem.
Dieu se donne là où une humanité ouverte se laisse inspirer : dans l’accueil, la tendresse, la fragilité reconnue comme lieu de rencontre. C’est précisément cette fragilité si humaine, celle qui accompagne la naissance de Jésus, qui devient le lieu où une présence discrète peut se dire. Dieu ne vient pas malgré nos limites, mais à travers elles, comme pour nous rappeler que la vie se renouvelle souvent dans ce qui paraissait insignifiant.
Cette foi sobre ne cherche pas l’extraordinaire : elle reconnaît Dieu à l’œuvre dans le temps ordinaire. Ainsi, le christianisme ne crée pas un autre monde : il révèle la profondeur de celui-ci. Quand les premiers chrétiens ont situé symboliquement la naissance du Christ au cœur du solstice d’hiver, ils n’ont pas inventé un temps nouveau : ils ont relu le calendrier du monde à la lumière de l’Évangile. Ils ont reconnu dans le cycle des saisons un langage de Dieu, une pédagogie de l’espérance qui traverse l’année : de l’obscurité à la lumière, de la dormance au renouveau.
En ce sens, ils ont baptisé le temps, l’habitant, le transformant, le portant à sa plénitude et ils ont affirmé qu’en Jésus, Dieu est venu habiter le monde, et que chaque instant devenait traversé par une présence discrète, une promesse en germination.
Voyons en Noël une lumière qui ne triomphe pas par la force, mais par la fidélité ; une lumière qui ne contraint pas, mais se propose, fragile, tenace, vivante, comme un commencement que rien n’épuise.
À Noël, le don divin se fait chair. Il ne conditionne rien : il ouvre tout. Il nous appelle à la confiance joyeuse d’un monde à nouveau possible.
Et c’est pour partager cette confiance, pour tisser une communauté où la joie se fait accueil et regard bienveillant, que nous vous invitons à venir nombreux
dimanche 14 décembre pour notre culte festif de Noël,
avec la participation des enfants,
qui sera suivi d’un repas communautaire.
Avec notre amitié fraternelle,
Le consistoire